A l’époque des « provinces illyriennes » de Napoléon, de 1805 à 1813, les Français eurent un contact direct avec la littérature populaire serbe. Charles Nodier, qui fut fonctionnaire pendant quelque temps à Ljubljana, évoque dans ses écrits les «Illyriens et leur poésie ». Prosper Mérimée publia dix ans plus tard ses fameuses mystifications, composées en prose et présentées par lui comme des « traductions fidèles » de la « langue illyrienne » (La Guzla, Paris, 1827). Etant donné que ces poèmes furent publiés à une époque d’extrême popularité de la poésie populaire serbe en Europe, on crut pendant longtemps qu’ils étaient authentiques. Mais le seul poème populaire original de ce recueil était Hasanaginica, dans une traduction en prose. A cette époque, dans la revue Le Globe, paraissent des poèmes populaires serbes originaux, traduits par Louise Swanton Belloc, ainsi qu’un certain nombre de ses notices et articles. Durant l’hiver 1831–1832, Claude Fauriel donne des conférences à la Sorbonne sur les poésies populaires serbe et grecque moderne. Elise Voïart publie deux volumes de chants populaires serbes traduits en français d’après la version allemande de Therese von Jacob (Chants populaires des Serviens, Paris, 1834). Au XIXe siècle, les chants populaires serbes furent traduits en français par toute une pléiade de traducteurs : Auguste Dozon (Poésies populaires serbes, 1859 et L’épopée serbe – Chants populaires héroïques, Paris, 1888) ; le baron Adolphe d’Avril (La bataille de Kossovo, 1868) ; Louis Léger (Le Cycle épique de M. Kraliévitch, 1882 ; 2e édition 1906) ; Léo d’Orfer (Chants de guerre de la Serbie, 1916) ; Auguste Chaboseau (Les Serbes et leur épopée nationale, 1919) ; Philéas Lebesgue (Chants féminins serbes, 1920) ; P. Rabaté (La Geste de Marko, 1922) ; F. Funck-Brentano (Chants populaires des Serbes, 1924) ; D. Veković (Chants de femmes serbes, 1933). Presque toutes ces traductions étaient rédigées en prose, et non pas en vers. Boško Suvajdžić